Le dépistage précoce de l’arthrite représente l’un des plus grands défis de la rhumatologie. Malheureusement, certains patients souffrent d’arthrite indifférenciée, ce qui signifie que leur examen initial ne permet pas de poser un diagnostic. En analysant les gènes, des facteurs cliniques et biologiques, ainsi que les antécédents médicaux, la médecine personnalisée nous permet de déterminer quels patients seront réceptifs ou non à un traitement donné. Cette approche pourrait permettre au système de santé de réaliser des économies substantielles. L’entreprise DNAlytics, le projet Rheumagène de BioWin et l’outil de diagnostic RheumaKit misent sur les traitements personnalisés.
Diagnostic de l’arthrite
L’objectif du projet Rheumagène (2010-2013) était d’élaborer une solution fiable de diagnostic différentiel précoce permettant de détecter l’arthrite rhumatoïde et de la distinguer des autres arthrites indifférenciées. Au terme du projet, les différents partenaires avaient identifié des profils d’expression différenciés pour différents types d’arthrites indifférenciées (arthrite rhumatoïde et séronégative, et ostéoarthrite dégénérative), mais également validé un modèle mathématique permettant d’établir le diagnostic le plus probable.
En 2014, DNAlytics, une spin-off créée au départ de l’Université Catholique de Louvain (UCL), a mis en pratique le résultat de ces recherches en créant RheumaKit. Cette solution permet d’effectuer un diagnostic moléculaire à la fois rapide et fiable, dont les résultats sont analysés sur la plateforme Rheumakit.com. Les données ainsi collectées aident les médecins à prescrire un traitement approprié qui bloque l’évolution de la maladie. Les résultats de cet outil présentent une fiabilité supérieure à 90 %.
Le coût des traitements est-il soutenable ?
L’équipe de DNAlytics et ses partenaires cliniques ont fait évoluer les fonctionnalités de RheumaKit pour résoudre un problème crucial : comment aider les médecins à choisir le traitement adapté pour les patients souffrant d’arthrite rhumatoïde ? Pour bien saisir l’importance de RheumaKit, il est nécessaire de comprendre que la principale difficulté posée par cette affection consiste à trouver le bon traitement. Dans un premier temps, chaque patient se voit prescrire un traitement relativement peu coûteux, mais qui s’avère inefficace dans 4 cas sur 10 en moyenne. Ces patients doivent alors passer à un traitement biologique. Il en existe environ 10, tous extrêmement onéreux : environ 15 000 € par an pendant toute la vie du patient. Une partie des traitements disponibles pour cette indication (les anti-TNF) représente la ligne budgétaire consacrée aux médicaments la plus élevée de l’Institut national d'assurance maladie-invalidité de Belgique (INAMI/RIZIV).
Le problème, c’est que presque tous ces médicaments fonctionnent différemment et que leur efficacité moyenne n’est que de 60 %. Il n’existe aujourd’hui aucun moyen de savoir à l’avance quel traitement proposer à un patient donné. En pratique, cela signifie que les rhumatologues doivent en prescrire un à titre d’essai, puis attendre entre trois et six mois pour évaluer son efficacité. Si le traitement choisi ne fonctionne pas, ils doivent en prescrire un nouveau, jusqu’à trouver le bon. Dans de nombreux cas, l’état du patient se dégrade et engendre des coûts supplémentaires liés à son incapacité à travailler, à la physiothérapie nécessaire et aux traitements prescrits inutilement